Heurts de vérité...

Nous vivons une époque formidable mes amours, un temps béni des dieux où l'Homme à force d'être un putain d'égoïste se harakirize un peu plus chaque jour.

Certains d'entre nous s'en foutent royalement, ils ont juste décidé de prendre tout ce qu'ils pouvaient et de donner dans une prochaine vie. D'autres, au contraire se sentent terriblement concernés par notre planète, notre société, et nos travers, mais n'ont pas nécessairement plus de solution, alors ils nous pourrissent le quotidien en s'érigeant en donneurs de leçons. Et puis, il y a les  milliers de petites fourmis qui travaillent discrètement au mieux-vivre mondial (des fourmis au beau cœur pas comme cette salope de Lafontaine qui à laissé crever la cigale).

Dans cette période d'intenses turbulences, un mot revient sans cesse : VÉRITÉ . Dans les bouches intéressées des journalistes, dans celles blasées des politiques, ou démagogiques des bobos, l'honnêteté est devenu le leitmotiv universel . Même les bouches d'égouts de la télé réalité nous écorchent les oreilles à coups de « j'ai su rester  moi même, c'est que du bonheur ».

Alors mes chéris, j'ai décidé de faire l'essai de la transparence pendant 24h. Pas un mensonge, pas un demi mensonge, pas un seul arrangement avec la vérité : une journée détox du bull shit, pour purifier mon âme. Pour résumer cette expérience humaniste, un mot s'impose : Oooups...

J'ai su que je m'embarquais dans une sacré connerie dès le petit matin, quand mon fils débarqua dans ma chambre.  Son père et moi même avons alors entamé notre petite joute verbale quotidienne pour savoir lequel devait sacrifier une heure de précieux sommeil pour s'acquitter des taches parentales incombant à cet horaire (petit dej, habillage, acheminement à l'école...). Je m'apprêtais (comme toujours) à prétexter un rendez vous très important nécessitant une préparation mentale incompatible avec la concoction d'un chocolat chaud à 7h du mat, mais oooups... Ne pouvant mentir :

« Je n'ai rien d'autre à foutre aujourd'hui, j'ai pas envie mais je me lève. ».

A 7h05, ma progéniture m'interrogeait sur son origine avec un innocent « Mais, par où je suis sorti quand j'étais dans ton ventre maman ? » . Je me jetais mollement sur mon canapé et contait non sans mal mon accouchement au principal intéresse, médusé. A 7h15, je mesurais déjà pleinement la portée de ma connerie d'expérience vérité. J'ai eu une pensée pour Chirac quand il avait décidé de dissoudre l'assemblée... OOOups...

Les évènements s'enchaînèrent, me précipitant chaque fois un peu plus dans les abimes de cette journée piège. Ainsi, à 8h je lâchais froidement à une voisine qui m'interpellait quant à la necessité de tailler la haie, que c'était le dernier de mes soucis (...). A 8h30, je disais à la maitresse de mon fils curieuse de s'avoir si j'avais apprécié mon cadeau de fête des mères, qu'elle ne s'était vraiment pas foulé cette année. (...). J'expliquais ensuite au téléphone à une copine qui me proposait un café, que je ne pouvais pas la rejoindre parce que je n'en avais aucune envie, et que ses histoires de famille m'affligeaient bien plus qu'elles ne m'intéressaient (...).

J'étais devenu une bombe ambulante, avec la vérité comme détonateur.  Mais je n'abandonnais pas, et poursuivais l'aventure de la transparence avec une petite séance photo prévue en début d'après midi. Et là mes chéris l'histoire tourna au cauchemar. On ne se rend pas compte de la multitude de petits mensonges qui nous sauvent la mise au quotidien ! J'ai l'impression d'être un fumeur dans sa première journée d'abstinence, quand tout semble avoir la forme d'une cigarette et que l'envie tourne à l'obsession. Le photographe m'accueille, me demande si je vais bien, je lui envois un « bof » au visage mais il ne m'écoute pas vraiment, il me répond que lui aussi ça va plutôt bien... La styliste me montre les vêtements, je croise les doigts pour qu'elle ne me pose pas LA question, mais pire que tout, elle attend que toute l'équipe soit autour de nous pour s'inquiéter de mon avis. J'essai de retenir les mots dans ma bouche mais je dois aller au bout de mon challenge : « c'est une horreur ! », voilà c'est dit. Ooouuups...

Au secours, aidez moi c'est l'enfer de dire tout le temps ce qu'on pense vraiment. Apres m'être grillé sur ce plan boulot, je decide de rentrer, d'attendre que le soleil se couche pour retrouver mon cerveau de faux cul sociable qui rend ma vie si agréable. J'espere ne plus croiser personne, j'ai peur que le téléphone sonne, je voudrais être aphone, je ne suis que conne. Je veux tenir, pouvoir dire que j'ai déjà passé toute une journée sans mentir mais j'avais sous-estimé le bordel provoqué par mes assauts de vérité.                                                                                                                                                                                Les dernières heures furent sanglantes, ma banquière eu la mauvaise impulsion de m'interroger sur sa nouvelle coupe de cheveux (oooups...), une copine sur l'efficacité de son régime et pour couronner le tout mon fils me demanda ce que je pensais de son dessin.

Stop. J'arrête. Echec.

Je ne peux pas dire à un gamin de 4 ans que son camion ressemble à un mouton et que globalement toute "l'œuvre" est un gribouillon.

« c'est très beau mon cœur, magnifique ».

Je n'avais pas menti depuis 5h, ce ne fut ensuite que du bonheur... Je prétextais un mal de tête pour aller me coucher, mon jour le plus long aura duré 300 minutes, je suis rincée...

Je laisse Valerie Twitterweiler relever le défi pourri de « tout se dit ».

Belle semaine mes amours, il pleut, il mouille mais la France voit rose ;)  Moi je me repose.

"La vie a besoin d'illusions, c'est à dire de non-vérités tenues pour des vérités."  Friedrich Nietzsche

Comments

[telophase]

Bien, très bien...Tu me donnes des idées, c'est une expérience que je vais tenter :24h sans mensonge, rien que pour voir, ça peut être intéressant et aider à remettre les pendules à l'heure ;)

[val]

Suis FAN! il faut absolument te faire publier ! :)